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21 novembre 2009 6 21 /11 /novembre /2009 09:46
Tous les chemins mènent à (Rome)  Compostelle ... Même les itinéraires bis ! C'est ce que Patrick Huchet révèle au cours d'une série de conférences-dédicaces animées par l'A.C.I.R. Depuis 1996, il sillonne les voies pèlerines de France et d'Espagne, dans les pas des premiers Pèlerins. Cette pérégrination a donné naissance à quelques ouvrages issus de son expérience des chemins et de ses recherches historiques.
Dans son dernier ouvrage, "Les nouveaux chemins ... vers Compostelle", un chapitre est consacré au chemin du Piémont Pyrénéen, magnifiquement illustré par les photos de Yvon Boëlle.


La conférence, organisée par le "Pays des Pyrénées Cathares" a été suivie par la projection d'un film du cinéaste Luis Bunuel : "la Voie Lactée" de 1968. Un film pour Mécréants, à voir et à revoir.




Avec : Paul Frankeur (Pierre), Laurent Terzieff (Jean), Alain Cuny (L'homme à la cape), Edith Scob (La Vierge Marie), Bernard Verley (Jésus), François Maistre (Le curé fou), Michel Piccoli (Le marquis de Sade), Delphine Seyrig (La prostituée). 1h45.
Cette méditation fantaisiste et surréaliste de Luis Bunuel est impossible à résumer rationnellement car, par essence, elle s'oppose à toute raison. Il s'agit du voyage de deux clochards goguenards qui, sur la route de Saint-Jacques de Compostelle (le célèbre pèlerinage était comparé au Moyen Age à la Voie Lactée qui traverse le ciel) font toutes sortes de rencontres insolites dont la succession échappe au temps et à l'espace. Les deux hommes passeront indifféremment d'un lieu à l'autre, d'un siècle à l'autre. Un homme vêtu de noir les aborde sur la route et leur parle comme Dieu parla à Osée dans la Bible. Dans une auberge, un curé discute avec un gendarme de l'Eucharistie. A la fin de cette épineuse discussion, deux ambulanciers emmènent le prêtre, qui n'est autre qu'un échappé de l'asile psychiatrique. Dans un restaurant « quatre étoiles », un maître d'hôtel féru de théologie réfute devant les serveurs les hérésies sur la double nature du Christ. A un moment, l'un des deux clochards pense au Christ et aussitôt nous voyons la Sainte-Famille comme la représentent les gravures saint-sulpiciennes. L'équipée picaresque des deux hommes les amène aussi à assister à une parodie de spectacle de fin d'année donné par les petites élèves d'un collège religieux. Chemin faisant, ils passent à côté de toutes les hérésies qui s'animent et revivent sous leurs yeux ; celle de Priscillien, jouée en latin, celle des manichéens, condamnés par un concile du VIe siècle. Transportés ensuite au XVIe siècle, les deux clochards assistent à un duel  thélogique ( à l'épée) entre un janséniste et un jésuite. Ils arrivent enfin à Saint-Jacques de Compostelle pour y trouver la prostituée dont leur parla, au tout début de leur périple, le prophète Osée. Et ils voient le Christ accomplir un miracle qui n'en est peut-être pas un.

Les deux vagabonds sont les révélateurs à peine étonnée de cette "promenade dans le fanatisme où chacun s'accroche avec force et intransigeance à sa parcelle de vérité" explique Bunuel. S'appuyant sur une solide documentation, Bunuel plus "athée grâce à Dieu" que jamais, s'attaque ici au dogme même et "pose directement ses questions à Dieu" comme le dit ironiquement Laurent Terzieff.

L'angélisme sulfureux, la bonhomie iconoclaste, les dialogues ciselés au vitriol, le détournement magique de l'iconographie sulpicienne donnent à ce voyage dans le temps une clarté limpide, un humour corrosif et salutaire.


Autres Sources : Wikiafilm - La cinémathèque française - Centre d'études hispaniques -




Bonne lecture et bonne séance de cinéma.


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